Trois « parties », je disais donc. Un CG Limit 2-4$, un satellite turbo à 5.5$+R pour le Daily Eighty Grand et un SNG live à 50+5 CHF (environ 38€). Le sat me donne un ticket que je convertis aussitôt en T$ (55T$) et, le cash game limit faisant l'objet d'un prochain billet, je tiens à profiter des circonstances pour m'attarder un peu sur le live que j'ai disputé samedi soir. Dans l'après-midi, après de nombreuses tergiversations (et notamment une excursion dans deux grands magasins de meubles de la région -fête des mères oblige- [vous êtes déjà allés dans un de ces centres un SAMEDI après-mid?]), nous voilà inscrits sur la liste de réservation du casino de Divonne pour le CG 5-5€ du soir. Nous ? Pardonnez-moi, je ne vous ai pas présenté mon frère, également passionné de poker (Non, vous ne connaîtrai pas son prénom. Je ne vous ai pas donné le mien, c'est pas pour révéler le sien...). Bon, j'achète ma lampe, vais boire un verre avec un pote (quand je vous disais que j'étais faible) et remarque que, dans le café où je suis, se tient un tournoi le soir, « agrémenté » de sa cohorte de SNG. Une alternative possible à l'heure et demie de voiture jusqu'en France voisine. Mon frère arrivant, nous explorons la possibilité de plutôt nous rendre à Montreux pour la partie CG 5-10 CHF. Appel téléphonique, liste d'attente. Et pour finir, ce sera le SNG du cru, organisé par les toujours excellents membres de Fripoker. Pourquoi faire simple?...
20H30, le SNG va débuter, 10'000 de départ, round de 20 minutes, 1er niveau à 25-50. Nous sommes 9 joueurs à une table de 10. Des visages connus, mais pas que du poker. Il y a là mon frère, un gars avec qui j'ai déjà joué plusieurs SNG (appelons-le "casque"), un ancien pote ("torche", que je n'ai jamais vu jouer au poker), un gars rencontré sur les terrains de foot ("flash"), deux filles (dont la redoutable Gaia, pour ceux qui la connaissent), encore un gars plus très frais ("rôti") et "basket", un jeune avec un maillot de...basket! 9 joueurs pour trois places payées. Nous jouons 4 mains et la place libre va trouver son occupant: visage rouge, la cinquantaine, fort accent provençal, chemise ouverte, hélant vigoureusement la table d'à côté,... Je vous présente Arsène Lupin. Visiblement déçu de s'être fait sortir du tournoi principal, il s'assied à droite de mon frère (qui fait une drôle de tête à ce moment-là), non sans s'accaparer l'espace autour de lui, et, sans vraiment avoir dit bonjour, lance à la table "je floppe le brelan, il fait sa suite, tu le crois ça... oh, tu le crois, ça?" au moins cinq fois de suite. Un personnage, assurément. Alors que personne ne répond, je me demande quel joueur il peut bien être.
La réponse va me sauter aux yeux. Nous n'avons joué que quelques mains et Arsène relance quasiment tous les pots non ouverts avant lui. Sans la position, il checke toujours "in the dark", laissant son adversaire parler. Ses cartes ont donc souvent été dévoilées au showdown: souventzdes rags, peu de mains jouables. Le ton est donné, même si ce type de joueur constitue un danger permanent car difficile, voire impossible à lire. La partie suit son cours, "Basket" saute rapidement, peut-être en tilt. Blinds 50-100, je reçois 66 au CO. J'ouvre à 300, suivi par "torche" au bouton, les blinds passent. Le flop tombe A-3-3, je checke, il mise 450. Je le mets sur un as faible et me dis qu'il pourrait le lâcher si je le reraise. Je mise 1'450, il réfléchit et il couche, face dévoilée, sa main... AQ! Nice pot, même si ma lecture n'était pas correcte. Petit à petit, les profils se dessinent: "Arsène" est "Arsène", la blonde joue peu de mains, Gaia joue très très bien après le flop, "Rôti", très actif en début de tournoi, s'est éteint, "Flash" n'a presque pas joué, "Casque" non plus, mais joue tous ses as et "Torche" ne constitue pas vraiment un danger. Mon frère est le seul à faire preuve d'une réelle agressivité quand il est impliqué. Peu de coups sont spectaculaires. On s'ennuie un peu lorsque je reçois 55 en MP (150-300). Je relance à 750, tout le monde se couche et "Rôti", alors shortstack, suit. Le flop tombe 2 - 5 - 10, avec deux trèfles. "Rôti" checke, je mise 1'000 et il envoie la boîte. Bien sûr, je paie. Il montre QJ de trèfles, mais rien ne vient l'aider sur la turn et la river (je finis même en full). Out "Rôti". J'ai 18'000 en jetons. Nous ne sommes plus que 8 en lice. Étonnamment, nous allons jouer longtemps, très longtemps, avant de connaître le prochain éliminé. Durant cette période, je touche les as en sb qui me permettent d'encaisser, au flop, une surrelance payée préflop par "flash". Mon frère entre dans un coup en surrelançant Arsène: payé par Torche en bb, Arsène se couche. Baby flop: torche checke, le frangin mise, torche suit. Blank sur la turn, checke, allin de mon frère, payé par Torche, après avoir dit qu'il pensait être battu. Effectivement, il montre AJ contre AK à mon frère qui, du coup, passe à 20'000. Nice call...
La partie est toujours tendu et personne ne saute. Flash fait de la résistance: son 7-9 à tapis tient contre mon AK et, peu après, son A3 touche son 3 pour battre le AJ de mon frère, qui avait surrelancé Arsène preflop. Je crois que j'ai filer mon bad run à mon frère, ooops... Je retombe à 12'000. Mais c'était un bon jour pour moi. Alors que je touche KK en UTG+3, Arsène ouvre à 5'000 sur des blinds à 400-800. Je surrelance tapis, tout le monde couche, même Arsène qui me montre AQ. La blonde part à tapis, j'ai 88 en BB. Tout le monde fold, moi aussi (trop tight?). Elle me dira avoir eu QJ. Je joue un coup en position contre Gaia qui l'emporte sur un board hauteur 9, difficile à jouer pour mon AQ. Quelques très bonnes mains de départ jouées agressivement me permettent de grossir peu à peu mon stack en prenant les blinds et les ouvertures à chaque fois (AA, encore une fois, QQ et AQ). Je reçois 33 en MP, je raise au triple (3'600), "casque" me calle, tous les autres couchent. Le flop tombe QQ4. Pas un mauvais flop, Je checke, "casque" bet. Je réfléchis et, ne sentant pas vraiment le coup, lui balance "je crois que tu sous joues une grosse paire comme JJ... Je folde." Il me regarde et me montre... ses as! Good read. Les stacks deviennent faméliques tant la pression des blinds est forte. Mon frère, Torche, la Blonde et Gaia sortent, dévorés par les mises obligatoires. Nous ne sommes plus que 4 et je suis chip lead. Arsène, qui a vu son tapis s'amenuiser, résiste en volant 2 fois sur trois. Il part à tapis pour 6'800 (blinds 1'500 - 3'000), callés par flash et moi-même. On check down, mais la paire d'Arsène tient. DU coup, c'est Flash qui est mal. Il envoie la boîte en sb. Je calle en BB avec A9. Il montre A8. Le flop tombe 8-x-x... mais la turn m'amène un 9!
Nous ne sommes plus que trois et "casque" balance le peu de jetons qui lui reste. Arsène calle, j'en fais de même. Le board montre 8-5-2-Q-10 et est checké jusqu'à la rivière. Casque retourne 66 ce qui a le don de mettre en joie Arsène qui crie "Yes, Come on!" en jetant sa paire de 7 sur la table. Mon A9 (encore) ne s'est pas amélioré. Bon, head's up contre Arsène. 53'000 pour lui, 47'000 pour moi. Outre les considérations mathématiques, je suis content de voir qu'il est toujours vivant... Parce que, entre la bière et le coup de soleil qu'il avait visiblement attrapé sur la face, je me suis plusieurs fois posé la question de savoir s'il dormait entre deux coups. Le tête à tête a été interminable. Pas parce que nous avons joué beaucoup de mains, mais plutôt parce qu'Arsène tenait plus du voleur-cambrioleur que du gentleman. Il parle aux spectateurs, au serveur, commande des bières, demande où en sont les autres tournois et SNG, négocie une tournée au bar, oublie de distribuer les cartes,etc. Mais je ne tilte pas, il est tard et le head's up est une discipline stimulante. Je lui grignote de sjetons à force de relance préflop pour me hisser devant lui quand arrive cette main. J'ai 88 au BB, il relance, je le mets allin, il calle avec J8 de pique. Hmmm, bon ça... Mais la rivière lui apportera une couleur qui le era doubler. Grrrr! Je terminerai deuxième quelques coups plus tard quand j'enverrai la boîte avec KJ qu'il callera avec 73 de coeur. Le flop? 7-7-3... Out! Bing! Avec tout de même 150 CHF dans la poche.
Une bonne petite soirée, quoiqu'un peu longuette (plus de 5 heures de tournoi), qui m'a apporté un peu plus de confiance en mon jeu et en ma lecture. Mais qui m'a surtout permis d'en finir avec le bad run. La chance a la distribution était là et, si on excepte le AK vs 79, le 88 vs J8 et le KJ vs 73 ne m'a pas planté de bad beat dans le coeur. Espérons que cela continue!
PS: Pourquoi Arsène? Quand on l'a traité de "voleur", à force de relancer 2 coups sur trois, celui-ci s'est mis à chanter, de sa plus belle voix de crooner de bar à tapin: "C'est le plus grand des vooooleuuuurs, mais c'est aussi un gentleeeeman...". Scène hilarante si l'en est.
Pour ceux qui auraient manqué un épisode...
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