26 juin 2009

O Fortuna (2)

2 bb, comme Pieter de Korver en table final de l'EPT Grand Final à Monaco. Il me reste trois tours à jouer avant les blinds, en sachant que, si je bouge, je serai callé au minimum par la grande blind, qui n'aurait qu'à doubler sa mise forcée. Je jette deux mains, puis trouve QJ de trèfle, UTG. All-in. Je pushe mes 16k au milieu... Tout le monde se couche et, comme prévu, la bb complète. Elle montre A9. Pas vraiment le type de main sur lequel j'espérais tomber... Une dame au flop et ma main tient. À propos de cette main, je me demande encore comment il est possible que les joueurs encore présents à ce moment-là ne se soient pas tous impliqués dans le pot en check down jusqu'à la rivière pour m'éliminer. On joue la bulle quand même. Je suis en bb pour la main suivante. Une méga poubelle que je jette devant le raise du CO. SB, JT de trèfle. Tout le monde passe, je fais tapis pour mes 24k restants. J'entends "call!". Warf! L'adversaire en question n'est pas à proprement parler le meilleur joueur de la table. Il est middle stack à ce moment et, s'il perd le coup, se retrouvera dans une situation plus qu'inconfortable. Il met ses jetons sur le tapis vert et retourne... J9off! OMG!
Ma main tient et je double encore une fois.
La bulle va péter après que nous nous sommes mis d'accord sur un "bubble deal" [on rembourserait le buy-in au bubble boy]. 4 joueurs restants et 870.- (environ 570€) pour le premier. Je vole et agresse sans cesse mes adversaires, trouvant souvent, il est vrai, de bonnes mains pour défendre mes blinds. "J9off" sort sur une main pourrie qui vient enrichir mon voisin de droite et est tout surpris d'être rémunéré... "Ah cool, je croyais que c'était les trois premiers seulement!..". Il avait dû s'endormir et/ou rien comprendre à la notion du bubble deal. Niveau 10k - 20k. Un gros coup va ensuite impliqué mes deux adversaires du moment. Je suis de BB, Enrico Macias relance du bouton et le mec à ma droite balance tapis. Enrico couvre l'autre de 30k et calle. AJ vs KJ. Un J tombe et Macias perd le coup. Main suivante, 94off en sb. Le bouton folde et je balance 30k au milieu, histoire de forcer Enrico à ajouter ses 10 derniers mille et jouer avec un main random. Il calle, montre 63off et perd le coup. Yes, me suis vengé du crackage de mes as!
J'arrive au head's up avec un tapis de 170k environ. Monsieur Toublanc en a un peu moins. Je suis bien agressif, remporte deux coup preflop en sur-relançant, puis en partant à tapis avec 77. Il couche. Puis vient J8, je suis bouton, je limpe, il checke. Le flop vient J-4-5. Il checke, je mise 30k dans le pot de 40k. Il calle. Le turn est un 7. Il réfléchit et fait tapis... "Pourquoi tu m'attaques de front maintenant? T'as touché deux paires?" J'ai joué quelques heures avec ce type à ma droite ce soir et je commence à le cerner. Le type de joueur tranquille, discret, qui "tient" pas trop mal les cartes. Bon, il y a 100k dans le pot; et je dois rajouter 70k pour le call. Je compte mon tapis, il me resterait 140k pour la suite si je perds le coup. Sa main est assez dure à définir puisque j'ai limpé et qu'il a simplement checké... Hypothèse:
1) Mr Toublanc a deux pairs. Du style 47 ou 57. Il me reste les jacks et les 8, soit 5 outs.
2) Il a un brelan. 2 outs pour moi.
3) Il a maintenant une suite avec une main 68 ou 36. Dans ce cas, je tire pour les 8. 3 outs.
4) Il touche un 7 avec une main de type 7 + overcard. Je suis devant.
5) Il a un jack et ça se jouera au kicker.
Ce qui m'étonne le plus ici, c'est l'agression dont je suis victime. Pourquoi Mr Toublanc attaque-t-il ce pot hors de position sur la turn? Je pense en effet que s'il était fort, voire très fort, il m'aurait laissé l'initiative du coup pour me check-raise derrière. Quelques dizaines de secondes passent... En fait, seules les hypothèses 1, 4 et 5 me paraissent plausibles. Je suis hors cotes pour le coup, sauf si je suis devant bien sûr. Et c'est la seule question à laquelle il faut répondre. Mais, je n'arrive toujours pas à comprendre le but de son agression, si ce n'est pour me faire coucher. Je calle. Il montre K7, ma main tient et je gagne le tournoi.

Hee-haw!

Bon maintenant, au dodo, et hop!!



25 juin 2009

O Fortuna

Imaginez: vous arrivez en table finale d'un tournoi live. Neuf joueurs restants pour 4 places payées. Votre tapis est dans la moyenne, mais les blinds sont déjà énormes et ne vous permettent pas de pratiquer un jeu très développé (50k de stack, niveau 1'500-3'000). Vous jouez patiemment, deux joueurs sautent. Vous avez ensuite trouvé quelques spots et sorti un shortstack, puis un deuxième. Vous êtes quasi chip leader quand vous découvrez un paire d'as en SB. Parfait, non? Le joueur en hijack, un large agressif avec qui j'ai joué la première table du tournoi -appellons-le Enrico Macias-, limpe pour 8'000. Tout le monde passe jusqu'à moi. J'effectue un rapide chip count pour connaître la hauteur de nos tapis respectifs. Je constate que je le couvre de juste 16k, soit 2 bb si je venais à perdre ce coup. Je me décide pour une relance, plutôt que de partir à tapis. Je prends mes jetons et mets 30'000 au milieu. La bb se couche et Enrico calle sans trop hésiter.

Le flop tombe: Js - 4s - 8c.

Je réfléchis quelques secondes et annonce "tapis!". Mes jetons valdinguent au milieu. Macias prend un air surpris et me dit : "t'as touché un valet?", ce à quoi je réponds : "Pourquoi tu me demandes du moment que tu as les dames?". "Je suis obligé de caller", me dit-il enfin. Il paie, retourne KJ, avec le king en spades. Si je remporte ce coup, nous ne serons plus que quatre, tous payés donc, et je serai archi chipo de la table. Je me lève, mon adversaire aussi et nos yeux sont fixés sur la table. Les cartes manquantes tombent lentement... La turn amène le 9 de pique. Merde! tous les piques, les rois, les jacks feront gagner mon adversaire du moment. Soit 14 cartes. Pas de panique, ça ne représente quand même qu'un peu plus de 25% de chance de remporter le coup. Mais je la sens pas. La rivière vient s'écraser sur le tapis vert. Un as! Oui, mais de pique. Mes rockets tombent face à la couleur runner runner d'Enrico Macias. Les blinds sont de 4'000 - 8'000 et j'ai exactement 16k devant moi... À la bulle qui plus est.

Ça bouilllonne en moi. Je me lève, veux jeter une chaise à travers la baie vitrée du lieu. Je sors de table et m'allume une cigarette à la place. Deux-trois spectateurs viennent me taper sur l'épaule et ça me fait une belle jambe. KJ! Enrico suit mon raise preflop avec KJ! Et quand il touche son jack, ne se pose même pas la question de savoir ce que je peux avoir en main quand je lui mets mon tapis sous le nez. Il voit sa TP et ça lui semble suffisant. God! Bref, j'ai deux big blinds dans mon tapis et la bulle n'a pas éclaté encore.


Vous aimiez crever les petites bulles quand vous étiez petits?

22 juin 2009

Live

Privé d'internet depuis jeudi dernier, suite à un orage ayant explosé mon modem/routeur, je n'ai pas pu m'asseoir aux tables virtuelles depuis trois jours et cela m'a donné l'occasion, durant les temps morts de mon planning "week-endesque", de réfléchir à ma relation au poker online.

Aidé en cela, il est vrai, par ma participation à trois tournois live en moins d'une semaine... [prochain billet à venir.. y a eu du cash!...]

À vrai dire, je ne remets pas du tout en cause le côté pratique des sites. Du poker à toute heure, à toute limite, ça ressemble fort au paradis du joueur. Je suis, de même, fondamentalement opposé à l'idée que le jeu online pourrait être truqué (ceci est d'ailleurs un autre débat). Alors, pourquoi je sens monter en moi cette lassitude, cette envie de me détacher petit à petit de mon clavier? Petite explication en guise de psychanalyse.

1) Même si je me reconnais pas mal d'affinités en cash game, je prends beaucoup de plaisir à jouer des tournois (élimination, compétition, classement, etc. [on va pas refaire le monde, hein?]), et j'en ai marre des huge fields de PS ou d'autres sites... Plus de 3'000 joueurs pour des tournois quotidiens, ça me gave un peu. Je pourrais dès lors me diriger vers des SNG à 90 ou 180 joueurs, me direz-vous. Bon, c'est c'est ce que je fais! Mais, plaisanterie mise à part, je ne suis pas totalement satisfait de la structure de ces derniers (peu de stack,...), même si les 90 joueurs de PS sont à sortir du lot.
2) Jouer online ressemble parfois à du travail à la chaîne, à l'industrie. Je sais que ce n'est de loin pas le cas de tout le monde, mais en ce qui me concerne, j'ai parfois l'impression que c'est le côté "mécanique" du jeu qui prend le pas sur ma pratique. Là, je mets le doigt sur un point relativement important de ma personnalité: si je ne suis pas à 100%, si je suis fatigué, agacé de ma journée, frustré pour je ne sais quelle raison, je me retrouve très facilement distrait et ne me concentre plus sur les tables. Je ne mène plus la réflexion nécessaire à chaque main, jouant plus au feeling... D'où le côté mécanique. Il faudrait que je ne puisse jouer que lorsque j'en ressens la profonde envie, comme quand on se lève le matin en ne pensant qu'aux cartes que l'on va soulever le soir, faisant grimper petit à petit l'impatience d'en découdre sur les tapis verts. Mais voilà, l'ordinateur est là, disponible, tous les jours... Trop d'online, tue le online.
3) L'absence d'aspects sociaux du online me perturbe un peu. D'ailleurs, j'ai toujours préféré un bel apéro avec des potes à une partie de poker sur internet. En live, j'aime tchatcher, faire des blagues à table (petit billet à paraître prochainement sur le sens de l'humour -ou pas- des joueurs de poker), essayer de trouver l'info manquante par la parole. Plus que tout, j'aime observer les gens. Et pas qu'au poker d'ailleurs.
4) Le fric. Batailler des heures pour finir à la 30è place d'un 22$ et gagner... 46$ (donc, 24$ nets) me gonfle un peu, malgré la fierté bien réelle d'avoir survécu jusque là à un field de 800 joueurs. Ça fait un peu result oriented, j'en suis conscient, mais, pour le même nombre de mains jouées, tu fais table finale d'un tournoi de 50 personnes live.
5) Les jetons, la table et les cartes. J'adore les toucher.

Il y a encore plusieurs raisons à ce début de lassitude; je n'en ai exprimé que quelques-unes et j'aurais pu entrer un peu plus dans les détails. Mais ne prenez pas cet article pour ce qu'il n'est pas. Ce n'était pas son but d'alimenter un n-ième débat live versus online.

Ni un moyen de vous dire que j'arrête le online. Loin de là. Je veux juste suivre mes envies, jouer plus en live et avec plus d'attention online. Mieux sélectionner mes parties sur le net, jouer quand j'en ai vraiment envie et supprimer les parties parasites, celles qui prennent place quand on a un peu de temps à perdre, quand on a rien d'autre à faire.

Le pire, c'est que maintenant que je vous ai fait toutes ces théories, je n'ai qu'une envie... get connected! OMG!

Plus qu'un petit tournoi de 6'524 joueurs et je vais me coucher.

10 juin 2009

Bilan tournois -31 derniers jours

Je me souviens, au début que je tenais ce blog et que personne ne me lisait (c'est pas loin d'être toujours le cas, soit dit en passant), j'avais pour habitude de faire un bilan à la fin de chaque mois pour faire état de la situation. J'ai bien vite perdu en régularité, au point de ne même pas avoir sacrifié à la coutume du bilan annuel en janvier. Honte à moi! Mais il n'est jamais trop tard pour prendre des bonnes résolutions et je compte bien, cette fois, tenir à jour cet état des lieux mensuels.

Donc, pour les 31 derniers jours, au niveaux des tournois:


Bilan assez satisfaisant, s'il en est. Un ROI positif sur 90 parties. J'ai décroché quelques places payées dans des tournois de 22$, obtenu une 15è place (sur 360) dans un 27.5$ et j'ai gagné un MTT 90 joueurs (5.5$), le tout sur PS. Hormis la victoire sur le 90 joueurs, format que j'apprécie tout particulièrement, mais qui est terriblement long à remplir, je ne suis pas totalement satisfait du reste, me rendant compte que j'ai parfois du mal à gérer les fins de tournois. Vous savez là, lorsque vous avez patienté des heures durant et que, sur un coup, vous balancez aux orties tous ces petits jetons accumulés de rude guerre? Le point positif est d'avoir trouvé un buyin où je me sens à l'aise, d'un point de vue du niveau de jeu et des gains (les 22$). Reste à monter une BR pour y être un regular.
Restent à signaler, online, pour ces trente et un dernier jours, une mini période de tilt et un ITM (2è place) dans un SNG Omaha HiLow 11$ (ça, c'est pour la gloriole personnelle...).

Au niveau du live, 1 SNG 10 joueurs et 2 tournois disputés. Total des buyin: 220.-, gain: 150.-, ce qui fait que mon porte-monnaie est un peu plus vide.

Pour la suite, cet été, je vais monter un projet de backing/stacking, afin de m'installer sur les 22$ de PS (ceux de 18.00/19.00 majoritairement). Mais je vous referai signe d'ici là.


Ceci est un cygne, pas un signe. Et encore...