20 juin 2010

sunday zoo

Quand je me décide à passer une longue soirée de poker online, je n'ai qu'un objectif en tête: commettre le moins d'erreurs possibles et, souvent, j'y arrive tant bien que mal (c'est vrai que des fois, quand c'est du côté "mal" que retombe la pièce, c'est un vrai festival du slip...). C'est évident, me direz-vous. Oui, et encore plus sur les fields vuvuzelesques des grands sites que sont PS et FT, parce que, si on n'en sortait que sur le talent, ce serait toujours Phill Hellmuth qui gagnerait.

Pas faire d'erreurs, c'est bien, mais ça suffit pas toujours. Le poker étant un jeu de chatte (tout le monde sait ça), il faut encore pouvoir compter sur un coup de pouce de dame chance pour se sortir de la marée humaine constituée des 12'987 participants de votre tournoi préféré à 3$. Heureusement, quand on n'a pas de bol, on peut encore compter sur la bêtise crasse de certains joueurs du dimanche (au sens propre du terme) pour entretenir notre stack. Énormément de missplay de la part de vos adversaires peuvent vous faire gagner facilement des jetons, parmi lesquels quelques moves super connus, comme le "shove pour info", classique parmi les classiques:

(si tu veux, le shove pour info, c'est quand t'as top paire et que tu es pas sûr de ton kicker; alors tu fais tapis, plus simple, clair, efficace).

Mais c'est pas tout. Parmi les moves les plus fous, on a le "je touche un flush à la rivière, je vais alors check-raise comme ça je ne serai payé/4bet que par ce qui me bat. Auquel cas,  je vais payer, of course. Sans compter que c'est un deepstack et qu'il faut que je double absolument dans les premiers niveaux."
[À noter, la présence de kipik à cette table du 11$ deep de PS]


Magnificent, isn't it?

Quand les donks du dimanche s'y mettent, on peut s'attendre à tout:



Pas de commentaires sur celle-là (c'est toujours le deep de PS...). Par contre, comme je l'ai dit avant, c'est toujours frustrant de ne pas pouvoir profiter de toutes leurs erreurs sans un coup de chance de temps en temps:



ou mieux encore :


Franchement, le poker, à défaut de me faire gagner plein de pognon, me fera au moins toujours rire. Et tilter. Enfin, surtout tilter, concernant les deux dernières mains. Je crois que ce jeu n'est pas fait pour moi. Même avec les ânes du dimanche. Go back touching yourself, bitches!

[pour la petite info, je terminerai sans gloire le 11$ deepstack à la 200è place. Sur 1663 donks au départ. Et Kipik...]

7 juin 2010

So cry me a fucking river, bitch !


[Inutile de me demander des nouvelles de mon challenge (voir article précédent), j'ai merdé. Ben ouais, comme si c'était une surprise... J'ai monté ma BR jusqu'aux alentours des 230$, à grands coups de sit'n go turbo à 3$, puis j'ai enchaîné une sale série (un downswing comme disent les spécialistes du Club Poker) et j'ai tilté. La suite? Bof... Des tournois à 22$, du cash game en NL50 et NL100, avec une réussite insolente. Bref, broke. Plus un rond, que dalle, zéro. Et Eiffel qui avait raison... Je n'ai pas tenu le coup.]
    
Le week-end dernier, j'ai renoué avec l'argent dans les MTT live à l'occasion d'une épreuve qui a réunit 65 joueurs, pour un buy-in de 100 CHF. Je termine 5è au terme d'un très beau tournoi durant lequel j'ai pu accueillir une de plus grosses livraisons de ma vie. Jugez plutôt. Vilain est cut off et chipleader du tournoi. Il est un peu plus jeune que moi, belle gueule et a l'air un peu arrogant. J'ai pu déceler par plusieurs fois des failles dans son jeu où il essaie de maintenir la table sous contrôle. Je suis le deuxième en stack de la table, 50k contre ses 75k. Niveau 800 - 1'600/100. Vilain relance 4'000. Je soulèves deux as, j'ai la position sur lui. Un coup d'oeil à gauche et je vois le small blind qui est short. Sachant que ce dernier peut balancer en squeeze, je just call mon vilain. Là, le plan foire, les deux blinds se couchent. Bon, tant pis. Le flop tombe A-6-4 rainbow. Vilain mise 7k. Je calle bien décidé à slowplay mon monstre jusqu'au bout. La turn est un 6 qui me donne full. Alors que je me demande comment rentabiliser l'histoire, vilain me bet 13k. Je réfléchis... prends mes jetons.. les relâche... les reprends et call. J'imagine un check-bet-fold à la river (une brique), mais mon héros du jour me demande combien je joue encore. Je lui réponds 29.5k, il dit "tapis!", je dis "call" avant qu'il n'ait eu le temps de prononcer le "i"... Et non, vous ne connaîtrez pas sa main, puisqu'il l'a muckée aussitôt... Hmmm, que c'était bon! Qui que vous soyez Monsieur, merci !

Ce tournoi m'a fait d'autant plus plaisir que, la semaine précédente, j'avais bust d'un tournoi à 500 CHF à la 23è place (12 payés) avec QQ contre AT sur un board T88xT au cours d'un coup qui me propulsait juste au-dessus de la moyenne si je le gagnais. Ouadafeuk auraient dit certains, je me suis contenté de mettre un coup de boule à une porte. Aïe. Ces putains de rivières...
  
Mais le pire dans ces histoires est que, vous l'avez certainement appris, la Suisse, qui était un pays merveilleux en terme de d'organisation de tournois de poker, vient d'interdire la tenue de ces derniers. Avec effet immédiat. Boum, pang, ping, dans ton cul. Je ne suis donc pas prêt de rejouer live, moi qui adorais ça... Que vais-je faire de mes trois soirs devenus ainsi libre?

saloperies de rivière

2 juin 2010

La Suisse retourne au Moyen Âge, le poker y est à nouveau interdit

Arrêt du 20 mai 2010 (2C_694/2009)

L'organisation de jeux de poker "Texas Hold'em" ouverts au public n'est admise que dans les maisons de jeu

Par arrêt du 20 mai 2010, le Tribunal fédéral a jugé que seules les maisons de jeu au bénéfice d'une concession sont autorisées à proposer à titre professionnel des tour- nois de poker dits "Texas Hold'em" ouverts au public. Les jeux de poker "Texas Hold'em" qui ne sont pas ouverts au public, entre amis ou en famille, restent auto- risés. Le Tribunal fédéral annule ainsi l'arrêt (B-517/2008) rendu le 30 juin 2009 par le Tribunal administratif fédéral. Comme il l'avait déjà rappelé dans un arrêt du 13 août 2008, les rencontres de jeu tenues alors que l'instance était encore pendante l'ont été "aux risques et périls" des organisateurs; elles devront cesser.
Le litige portait pour l'essentiel sur la qualification des tournois de poker "Texas Hold'em" de jeux de hasard ou de jeux d'adresse respectivement de divertissement. La distinction est d'importance puisque les jeux de hasard sont soumis à la loi sur les maisons de jeux et ne peuvent être exploités professionnellement qu'avec une concession, tandis que les jeux d'adresse tombent dans la compétence (subsidiaire) des cantons et peuvent être organisés dans toute la Suisse également en dehors des maisons de jeu au bénéfice d'une conces- sion mais dans les limites prévues par le droit cantonal. En décembre 2007, la Commission fédérale des maisons de jeu (CFMJ) avait qualifié les jeux en cause de jeux d'adresse; en juin 2009, le Tribunal administratif fédéral avait confirmé cette décision. La Fédération suisse des casinos a recouru contre cette décision auprès du Tribunal fédéral; elle avait reçu l'appui des cantons en première instance.
Le Tribunal fédéral a considéré qu'en tant autorité spécialisée en matière de législation sur les maisons de jeu, la CFMJ est certes compétente pour examiner si et à quelles conditions un jeu doit être qualifié de jeux de hasard ou d'adresse respectivement de divertissement. Au vu des études menées à l'étranger, les séries de jeux-tests qu'elle a effectuées ne sont toutefois pas suffisantes pour prouver que, dans les tournois de jeux de poker "Texas Hold'em", les éléments faisant appel à l'adresse du joueur l'emportent sur ceux du hasard.
Le législateur a adopté une vision classique du jeu de hasard. D'après l'arrêt du Tribunal fédéral, l'exploitation de tournois de jeux de poker "Texas Hold'em" en dehors des maisons de jeu au bénéfice d'une concession entre en opposition avec le sens et le but de la loi fédérale sur les maisons de jeu, qui s'applique aux jeux de hasard "dans leur ensemble" et entend les "concentrer" dans les casinos. En adoptant la loi sur les maisons de jeu, le légis- lateur a eu l'intention de créer "des conditions sûres et transparentes" et de promouvoir "les buts de protection de la loi" par une réglementation uniforme et une surveillance la plus efficace possible. L'arrêt attaqué contredit ces buts puisqu'il remplacerait l'uniformisation et l'assainissement souhaités sur le plan fédéral par – au pire – 26 réglementations canto- nales. De l'avis du Tribunal fédéral, eu égard aux buts assignés à la législation fédérale (lutte contre la criminalité organisée et contre le blanchiment d’argent ainsi que prévention des conséquences socialement dommageables du jeu), qualifier de jeux d'adresse certai- nes formes de jeux de poker sans fondement scientifique clair ni (nouvelle) décision du législateur conduit à une ouverture incontrôlée du marché aux exploitants privés de jeux d'argent ouverts au public, ce que la loi fédérale sur les maisons de jeu devait précisément empêcher.

Source: site du tribunal fédéral.