9 décembre 2010

Hey Hey My My

  
Les cas personnels ont une particularité bien chiante. C'est qu'ils sont... personnels. Par là, je veux dire qu'il est absolument impossible pour celui qui en prend connaissance de comprendre. On peut tout au plus s'approcher d'un semblant de compréhension, par similitude entre le cas présenté et notre propre expérience. Semblant de compréhension, parce que les émotions et les stimuli qui les déclenchent sont propres à chacun. Prenez l'exemple des "histoires vraies" dont se nourrissent les scénarios (et oui, on ne dit pas scénarii) de cinéma et les mauvaises maison d'édition. C'est pas parce que tu lis (ou vois) la vie d'une jeune fille enlevée, séquestrée, torturée et violée que tu vas ressentir ce qu'elle a ressenti. Tu seras triste, touché, ému, indigné, tu auras peut-être la rage, tu crieras pour que justice se fasse, tu pleureras, que sais-je. Mais jamais tu sauras ce qu'elle a ressenti. De même, tu sauras jamais ce que ça fait de gagner la coupe du monde de football, ni même de se faire expulser en finale, à moins que tu ne le vives toi-même. Et encore, tu ne sauras pas ce que ça fait. Tu sauras ce que ça fait sur toi. Tu pourras être content pour un pote, ta copine, ta femme quand une bonne nouvelle leur arrive, mais jamais tu seras aussi content qu'eux. Ça sera différent.

Il n'y a pas de règle générale en matière d'émotions. Pourtant elles sont omniprésentes et, souvent, se rappellent à nous au point de nous obnubiler (tilt, quand tu noous tiens). Passons. Comme disent les Anglosaxons, the point is que ça ne rime à rien de raconter ses états d'esprit, ses émotions, liés au jeu, sur un blog poker. Nos lecteurs, comme nos amis d'ailleurs, pourront, par compassion ou par attitude politiquement correcte, nous soutenir, mais ils ne comprendront pas, tout simplement parce qu'ils ne l'ont pas vécu. Un bad beat, c'est des maths. C'est la science, Trente bad beat, pareil. Tout le monde peut comprendre ça. Mais, face à ces trente bad beat, toi, tu seras triste, ou résigné, ou tu vas vite oublier; alors que toi, tu vas tilter et spew ta bankroll ou libérer ta rage et péter la gueule à ton écran. Nous ne sommes pas égaux devant les émotions. C'est pour ça, entre beaucoup d'autres choses, que c'est chiant d'en faire part. Ça ne rime à rien, ça veut donc dire que ça ne sert à rien de l'écrire sur son .com ? Non, justement. L'écriture, le fait de jeter ça à la face du monde, peut soulager. C'est chiant, mais ça sort et ça fait un peu de bien. L'exutoire par les mots, voilà un concept bien intéressant. Je ne vous demande donc pas de comprendre. J'aurais pu mettre 457 replays de mains plus ou moins intéressantes, vous raconter mes tournois, les calls de ouf des vilains et tout ce genre de trucs bien nuls qui constituent la base de ce qu'il y a de plus vils dans cette mode qui consiste à entrer dans la vie privée des gens (parce qu'ils sont assez cons pour vous en donner l'accès) pour se délecter d'un voyeurisme autorisé. Non, pas de replays, pas de hand history, juste une phrase, qu'il fallait que je matérialise :


J'en ai marre de ce jeu, il me casse les couilles.

1 commentaire:

Matthieu a dit…

great post
persévère