12 octobre 2009

Les racines des mots sont-elles carrées?

À partir de mon mini-challenge sit'n go turbo, j'ai essayé d'analyser ma façon de jouer sur ce genre d'épreuve, que voici en compte-rendu...
Avant d'entrer dans le vif du sujet, il est important de se pencher quelques secondes sur la structure des SNG turbos d'Everest Poker. 1'000 jetons de départ pour des levels de 4 minutes. L'augmentation des blinds apparaît comme suit: 5-10, 10-20, 15-30, 20-40, 30-60, 50-100, 75-150, etc. Il se déroule donc 24 minutes avant d'arriver au palier fatidique de 75-150. Pourquoi fatidique? Tout simplement parce que, à ce moment-là, et qu'importe le nombre de joueurs encore en lice, il sera très rare d'avoir des tapis supérieurs à 10-12 BB. Et il n'y a, sur la table, que 40 BB en tout. En gros, c'est à partir de ce niveau-ci que les choses sérieuses vont commencer et que les décisions que vous prendrez vous mettront dans l'argent. Ou pas. Le tout est, premièrement, de survivre jusqu'à ce moment-là. Parce que après, il faut bien l'avouer, la part de hasard augmente en importance.

Les premiers niveaux (5-10 => 30-60)

L'objectif principal, à mon sens, est de pouvoir arriver au level 50-100 avec mon tapis de départ ou plus. Si les situations ne s'y prêtent pas, je ne vais pas jouer une main. La tactique de jeu qui me semble la plus adaptée est donc ici une variante du jeu TAG, que je vais nommé le TTAG (très tight agressif). Preflop, la table est très loose passive (en tout cas jusqu'à 30-60) et il n'est pas rare de voir un flop en compagnie de 4 autres joueurs. Je ne vais dans ces cas-là relancer que mes très bonnes mains (99+; AQ+) et ne pas insister si j'accroche un adversaire après la turn. J'ai été plus d'une fois très surpris de découvrir la main de vilain à l'abattage: poubelles et autres rags sont souvent de la partie. Je n'insiste pas, donc, et si je ne suis pas "max" ou presque, je pot control un maximum. Ce qui implique de jouer la majorité de ses coups en position. C'est aussi ça le secret de ce genre de SNG, jouer en position. Tout amateur éclairé de poker comprend l'importance de ce concept, mais, vu la structure particulière de l'épreuve, il donne ici tout son sens. Hors de position, il deviendra très difficile de gérer le coup, surtout sur ce format, sur cette room où, mis à part quelques regs (regulars, ou réguliers) qui jouent plutôt de manière académique, le jeu large agressif (LAG) est roi.
Le côté souvent passif des premiers niveaux implique également de bien calibrer ses relances ou 3-bet. Une relance à 30 ou 40 sur des blinds à 5-10 ne découragera pas la majorité des joueurs de ces sng, et une relance supérieure entraînera souvent la suspicion de l'un des vilains qui payera pour éventer votre move. C'est pourquoi cet exercice se révèle difficile dans les premiers niveaux. N'hésitez pas à faire payer vos monstres. Il en est de même pour le 3-bet pour lequel je conseille de taper fort, 4 ou 5 fois le bet en standard, plus en squeeze. En situation de squeeze durant ces premiers niveaux, je 3-bet souvent all-in avec mes premiums, histoire de rentabiliser au maximum la force de mes mains.
Ne jouer que ses très bonnes mains n'implique bien évidemment pas forcément le fait de ne pas être à l'affût de toutes les occasions de faire des jetons qui se présentent. Si la cote, la position ou le profil des vilains le permettent, il n'y a pas de mal à se faire du bien en jouant par ci et par là quelques pocket et/ou suited connectors; mais toujours de façon agressive, j'insiste. Cependant je mettrais un bémol sur la notion de cote dans ce type d'épreuve: elle ne justifiera jamais à elle seule, à mon sens, de se séparer de quelques jetons avec any two ou presque. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle, dans ces premiers niveaux, je ne complète quasiment jamais la SB, même si tout le monde a limpé devant moi. Y compris avec des connecteurs assortis. D'une manière générale, dans le jeu 6-max, je n'aime pas limper, c'est souvent raise, 3-bet ou fold preflop.
À partir du niveau 30-60, le jeu se modifie légèrement. Les relances sont un peu plus respectées; il est vrai que, souvent, il restera 5 ou 6 joueurs et que les tapis ne sont plus prfonds du tout. Un bet à 180 fait déjà son effet. C'est ce niveau que je choisis en général pour élargir ma range de raise preflop. Dans l'idée, j'ai toujours, à ce moment-là de la partie, un tapis qui avoisine les 900 jetons (et plus, s'il n'y a pas eu de mauvaises rencontres avant...) et il est temps d'empiler un peu pour subvenir à ses besoins lorsque des temps plus rudes seront venus (niveaux 50-100 et suivants...). Je vais open-raise avec 77+, A8s+et tous les broadways. Selon la texture du flop, il faudra décider ou non de perpétrer un continuation bet. Sur ce point, je conseillerais de bien analyser le board avant de se décider. Certains joueurs aiment automatiquement better le flop après avoir pris l'initiative preflop, mais dans les turbos, il peut s'avérer fort dommageable de pratiquer à outrance le cbet, car, quand on se mange un reraise à tapis en face (et ce n'est pas rare dans ce format et avec ce nombre de jetons), il est très, très difficile de suivre avec air. De même qu'il est très difficile de se coucher et de rester dans le tournoi avec 600 jetons et moins. Bref, j'élargis ma range d'open-raise, mais pas de call. Par contre, ma range de 3-bet devient un peu plus serrée (JJ+, AQs+, AKo), car je ferai ce move à tapis uniquement.

[bientôt, la suite..]

2 commentaires:

Eiffel a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Eiffel a dit…

eh bien, j'ai hâte de lire la suite !

en tout cas, cette 1ère partie colle parfaitement avec ce que je fais (ou essaie de faire) !

Néanmoins, sur Everest, le jeu très loose passif, bourré de CL (en micro-limite s'entend) fait qu'il est difficile d'avoir un jeu agressif (même 5BB, pour peu que la relance est payé par celui qui nous suit, sera payé 2 voire 3 fois!!!)